ennio - les feuilles mortes. finito.

Les feuilles mortes.

Les brindilles craquaient sous ses pieds, le souffle haletant le garçon fuyait. Il n’avait jamais couru aussi vite, il n’avait jamais vécu une telle situation, à vrai dire. Aveuglé, oui, il était aveuglé. Son cœur ne battait plus. Son corps, lui, ne répondait plus qu’aux pulsions. C’était loin d’être une pulsion d’adrénaline, loin d’être une démonstration de force. C’était simplement un fait. Leo était mort. Un fait. Un simple et terrible fait.
Une branche, toujours cette lumière aveuglante, une chute. L’adolescent se retrouva face contre la terre humide, les cheveux collés au front par la transpiration, le corps douloureux. Son cœur, finalement il le sentait. Il lui transperçait le corps, son torse allait éclater, ses poumons brûler. Ennio n’avait jamais ressenti telle douleur. Paumes contre la terre, ses bras tremblant lui permirent simplement de soulever le haut du corps, ce haut du corps qui lui semblait si lourd, à l’instant. C’est alors qu’il sentit cette brûlure remonter le long de sa gorge et son corps éclater en spasmes. La toux ne cessait plus, incontrôlable, violente. Il cracha du sang. Il vomit, tripes et boyaux, d’avoir trop couru. Des larmes coulaient le long de son visage sale et bruni par la terre et les feuilles mortes. Des larmes sombres longeaient son visage pâle.

Leo était mort et lui n’avait plus qu’à s’écrouler et attendre.
A vrai dire, non, il ne s’en rendait pas compte. Son frère n’avait pas pu mourir. Il l’attendait sûrement à la maison, son regard perçant, sourcil relevé. Oui, il l’accueillerait avec ce regard, ce regard qu’il aimait tant, comme pour dire « Eh mon gars, t’es une tapette ou quoi ? Qu’est-ce que tu fous comme ça ? » Son regard qui paraissait méprisant à tant, mais que lui seul connaissait réellement. Il l’attraperait par les épaules et ils sortiraient tous deux de la pièce. Alors, finalement en tête à tête Leo sourirait. Il avait des yeux souriants, irrésistibles. Ennio avait pour habitude depuis toujours de passer ses doigts fins et abîmés sur les paupières douces de son frère, comme pour percer ce mystère. Le mystère.
Oui, Leo devait certainement être en train de l’attendre. Il ne lui en fallut pas plus pour se relever, se soutenant à un tronc brut dont les irrégularités lui blessaient les mains. Une fois debout, Ennio attrapa une cigarette dans son paquet et rebroussa chemin. Quoi, cet endroit il le connaissait, par cœur, cet endroit le connaissait, par cœur. Il se laissait guider, par le vent qui se faufilait entre les branches. Il se laissait guider par le ruissellement de la mer, à quelques mètres de là. Dieu, qu’il se sentait bien.

C’est l’histoire d’un aveugle.

Le cœur du fou. Le fou du roi.

Ennio, arrête de nier la réalité. Arrête de faire le con, Ennio. Je suis mort. Accepte-le. Ouvre les yeux, bel aveugle. Crétin, réveille toi. Tu peux pas continuer comme ça. Tu vas te tuer Ennio. Te tuer, me rejoindre. C’est ça que tu veux ? T’en as pas le droit. Arrête de faire ton égoïste. Connard. Pense à moi, bordel, pense à moi qui suis mort, moi qui ne pourrai plus jamais me lever le matin simplement pour me faire un café. Si tu savais c’que j’aimerais pouvoir me faire un dernier café, Ennio. Arrête de penser qu’à toi. Arrête tes drogues, arrête de faire le con. Décroche de ça ! Décroche de ce monde superficiel. Pense à moi, putain, pense à moi ! Je suis mort Ennio, tu comprends ? Mort. Tu peux rien y changer, mais accepte-le. Grandis un peu ! GRANDIS. J’en ai marre de te voir comme ça. Marre de devoir me taper chaque jour ton image de bourge de merde, de fils à papa qui branle rien de sa vie, qui se ruine et nie la réalité. Laisse-moi partir ! Je veux partir. Pour une fois arrête de penser qu’à ta gueule. Pense à moi, décroche toi. Je te promet Ennio, je vais te briser. Je vais te briser. Tu dois me lâcher. TU N’ES PAS AVEUGLE. Je vais te déchirer Ennio, pour me décrocher de toi. Tu dois arrêter. Ennio, s’il te plait… Je ne veux pas te faire de mal. Je t’ai jamais fait souffrir Ennio, jamais. Je t’ai aimé comme on aime sa mère, celle qui nous a donné la vie. Je t’ai aimé comme je n’aurais pu aimer personne. Tu étais tout. Mais toi et moi, c’était trop. C’était une trop grande histoire. Et je sais pas c’qu’on a fait à ce putain d’mec là-haut, mais il a pas aimé. Il a compris qu’il fallait nous séparer. Ennio arrête de te tuer, s’il te plait. Tu ne me rejoindras jamais. Tu comprends ? Je ne te laisserai pas. Quitte à devoir te faire souffrir par mes propres moyens, mais jamais tu viendras ici, pas maintenant. Pense à moi. Vis pour moi, Ennio. Vis pour nous deux. Au lieu de te tuer, tu devrais profiter deux fois plus. Ne nie plus. Pour moi. Pour nous. Pour ce qu’on a été. Pour ce qu’on aura toujours été. Je ne disparaîtrai pas Ennio, pas complètement. Mais laisse-moi, laisse-moi me libérer. Connard. Lâche-moi.

Pas encore. Pas jusqu’à ce que tu aies ouvert les yeux. Je te supplie déjà depuis trop longtemps Ennio. J’en peux plus. Je peux plus. Je te ferai prendre conscience de tout ça. Je suis désolé. Je ne veux pas te blesser, j’ai jamais voulu te blesser, mais il le faut. C’est pour toi, pour te protéger, pour moi. C’est pour moi, oui.

Je trouverai le moyen de partir. Je trouverai le moyen de te faire vivre. Je m’ennuie de tout, Ennio.

ennio - les feuilles mortes. finito. Jamie_26

le 27 août 2013.
« Cher Monsieur,
Je vous écris pour vous faire part de la situation actuelle.
Notre fils aîné, Leo Giovanni Rosenthal, devant entrer en septième année, est décédé cet été suite à une crise cardiaque. Nous avons des problèmes chroniques de santé en famille, notre pauvre garçon ne méritait pas cela… C’était un bon enfant, vous le savez, vous plus que tous… C’était un bon enfant. Il était tellement fier de sa maison, Serdaigle, tellement beau et digne lorsqu’il arborait l’écusson bleu et argent. Il était tout pour son frère..
Ennio reviendra normalement à Poudlard en septembre. Le pauvre, je ne sais pas quoi penser de lui. Vous savez, Leo et lui étaient comme deux doigts de la main, deux frères siamois, deux aimants… Deux amants. Un lien unique les réunissait. Vous le connaissez Ennio. Vous lui faites confiance, je le sais. C’est un gentil garçon, fier, ambitieux, malin, curieux, sensible. Trop sensible. Mais là, je ne vois pas un brin de tristesse dans ses yeux. Je ne le comprends pas. C’est comme s’il refusait de voir la réalité, un voile le rend aveugle. Monsieur… J’ai peur pour Ennio. J’ai peur qu’il ne se réveille trop brusquement. J’ai peur qu’il intériorise trop et craque de la mauvaise manière. Je le vois changer. Je le vois s’en foutre de la vie. Il faut qu’il s’accroche. Vous savez, il a aussi des problèmes, comme en avait Leo. Je ne pourrai supporter qu’il lui arrive quelque chose. Ennio ne nous parle plus, ne communique plus que vaguement avec nous, avec un sourire absent, irréel, et les yeux vides. S’il-vous plait, prévenez-nous au moindre changement. Un bouleversement pourrait venir trop vite et être fatal. Je ne saurais comment soigner la réalisation de la perte de son frère pour Ennio. Dites-le moi par pitié, je vous en conjure, je dois pouvoir le sauver… Je dois pouvoir le sauver, comme je n’ai pas sauvé Leo.

Avec tout mon respect et ma dévotion,

Matilde Visconti – Rosenthal. »

Du Fou à l'Ange.

Oui, mon ange, on s'ennuie de tout. On s'ennuie de la vie et des visages, des visages de la vie. On s'ennuie des personnes, on s'ennuie des angoisses, on s'ennuie de la peur, on s'ennuie de l'ennui. Alors un jour on décide de ne plus s'ennuyer et de couper les ponts. On décide de s'éloigner, de découvrir une autre dimension. Et l'on se sent bien, mais... On n'oublie pas. On n'oublie pas les visages, les peurs et les angoisses. On n'oublie pas le passé, on n'oublie pas la vie. On n'oublie pas et on prend peur, alors on s'éloigne encore plus. On se retrouve... Seul - face au monde ? c'est ce que l'on croit.
Petit à petit on regrette, mais le temps est passé, le passé n'est plus. Les gens ont changé, comme toi tu as changé. Ils ont avancé, comme tu as avancé. Et il t'arrive un truc, ce truc qui te bouleverse, qui te fait mal au coeur. Tu prends conscience de la réalité, de ton erreur. Tu t'accroches, tu essayes de renforcer les liens de ce fil qui t'unit encore au reste. Mais qu'est-ce que tu peux y faire ? On ne peut rattraper le temps, c'est le temps qui nous rattrape. Les larmes coulent.
On se retrouve dans un quotidien qui n'est plus le nôtre. On se retrouve dans une routine qu'on ne reconnaît plus, ou plutôt, une routine où l'on ne se reconnaît plus. Entre deux mondes, celui du passé qu'on a voulu fuir, et celui d'un futur qu'on a voulu conquérir trop vite. On se retrouve dans un présent sans attaches. Un présent sans repères. Les larmes coulent.

Les larmes coulent, chaque soir, à l'irrémédiable moment du coucher. Ce moment où l'on n'a d'autre choix que de penser à ce lendemain qu'on redoute. Alors on veut partir. On pense que partir pourra nous aider à oublier, encore une fois. On pense que partir pourra nous aider à reconstruire cette vie perdue. Mais... On ne peut partir. Le courage manque, les moyens manquent. Le temps manque. On n'a pas le temps de partir à notre âge. Non, à notre âge le temps est compté.
Mais c'est ce temps compté qui a rythmé nos vies, nos angoisses et nos peurs. C'est ce temps qui nous rappelait inlassablement qu'un amour peut s'achever, une amitié se briser, une vie se consumer. C'est ce temps qu'on a fui. C'est ce temps qui nous a rattrapé.
Tout ça, mon ange, c'est pour te dire de ne pas fuir le temps. Tout ça c'est pour te dire de profiter de la vie, et de ne pas t'écrouler. Tu as tous les moyens de ne pas crever dans l'ennui, toutes les personnes prêtes à t'arracher aux griffes du temps.
Ne te laisse pas perdre par tes peurs.

Je t'aime.

ennio - les feuilles mortes. finito. Jamie_28

autant qu'un autre admin lise pour voir s'il manque quelque chose. (:

bwef, finito quoiii.

ooollalalalalalalallala

MAGNIFIQUE, présentation à écouter avec du AaRON
et puis les titres sont : ouaw xD
oooalalallalalalalalalala

Invité

putain de merde, tes fiches Si'.

j'crois que t'sais combien je et on les aime, tes fiches, tes personnages. ça c'est du lourd et de la bonne lecture. <3

et effectivement, à écouter avec du AaRON.

merci vous deuuuuuuuux. *o*

uhu.