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ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow

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ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow _
MessageSujet: ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow Icon_minitimeSam 1 Jan - 0:50:05

ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow Ay5b4p
(c) misery angel

« L'esprit humain regorge de passions ; il en a à revendre, pour me servir d'une autre locution triviale ; mais ce malheureux esprit, dont la dépravation naturelle est aussi grande que son aptitude soudaine, quasi paradoxale, à la charité et aux vertus les plus ardues, est fécond en paradoxes qui lui permettent d'employer pour le mal le trop-plein de cette passion débordante. Il ne croit jamais se vendre en bloc. Il oublie, dans son infatuation, qu'il se joue à un plus fin et plus fort que lui, et que l'Esprit du Mal, même quand on ne lui livre qu'un cheveu, ne tarde pas à emporter la tête. » - Baudelaire, Les Paradis Artificiels


i've been a temptress too long.
sullivan, ana ● born on july thirty-first, nineteen ninety ● studying at pilliwickle university, first year ● born in oxford, united kingom ● currently residing in tintagel, united kingdom ● half-blood

Spoiler:


Dernière édition par Ana Sullivan le Dim 2 Jan - 3:36:45, édité 2 fois
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ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow _
MessageSujet: Re: ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow Icon_minitimeSam 1 Jan - 3:44:48

ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow 34grqro
(c) misery angel

we're all looking at a different picture.
En une nuit, la famille Sullivan était devenue un fait divers. Fait divers – mais qu’est-ce que ce terme est immonde. Fait. Divers. L’infini du vague et de l’indifférent réduit dans deux mots, si petits qu’ils ne laissent pas même assez de place pour un lambeau d’humanité. Et pourtant, ces ‘faits divers’ que l’on retrouve chaque jour sont peut-être le meilleur exemple d’humanité déchirée qu’il existe, parce que ce sont des naissances, des mariages, des rencontres, des évènements, des chocs, des tragédies, des morts. C’est là qu’on entendra parler de l’arrestation du petit caïd du quartier, à côté du mariage récent de la descendante de Nicholas Flamel et de l’organisation du quinzième tournoi de Quidditch pour Gobelins ; c’est là qu’on saura qu’une nouvelle vie vient d’entrer dans ce monde chiaroscuro, et que deux autres viennent de s’y éteindre. Certains parcourront la rubrique avec l’espoir d’y voir leur nom ou celui d’un proche, d’autres y jettent un coup d’œil par ennui, et d’autres encore la lisent simplement pour y satisfaire le gnome écœurant qui sommeille en chacun de nous, nourri avec plaisir par la presse sensationnaliste. Quelle que soit votre catégorie, il se pourrait très bien que vous ayez, un jour de l’année mille neuf-cent quatre-vingt quinze, trouvé parmi cet impossible tas de joie et de pleurs l’histoire croustillante du double-assassinat de jeunes parents oxfordiens. Peut-être que vous n’avez pas voulu lire cette histoire, ne pouvant supporter l’idée que le duo qui vous sourit depuis cette photo éclairée par une lumière d’été ne soit plus que deux cadavres, incapables désormais de sentir les caresses du soleil couchant. Peut-être qu’au contraire, la fascination pour le macabre a été plus forte, et que vous vous êtes penchés avec avidité sur ce morceau de charogne, vous interrogeant sur leurs vies, leurs passions, leurs amis, leurs vices et leurs vertus. Peut-être que vous avez lu ce dernier témoignage de leur existence avec un esprit trop embrouillé pour en mesurer l’étendue ; l’important reste que vous l’avez lu, mais que vous n’avez rien appris sur cette famille. Si la police ou les journalistes avaient été capables de voir en dessous de la peinture qui recouvrait la belle façade de la maison Sullivan, ils auraient pu y découvrir une histoire suffisamment louche pour que le meurtre ait l’honneur douteux de finir en première page, ou en tout cas reçoivent plus d’attention que la disparition tragique du chien de la comtesse Merilda de Hornfoot. Mais les policiers ont vu la belle maison éventrée, pas les documents manquants ; les beaux occupants écroulés sur le tapis, pas l’absence de peur ou de surprise sur leurs visages ; la belle respectabilité que leur attribuait tout le quartier, pas le mystère sur leur source de revenus. Ils sont venus, ils ont vus, et ils ont vaincus la petite voix de leur conscience qui leur disait que tout n’était pas normal chez cette famille de Sang-Mêlés. Alors, en bons conquérants, ils ont rassurés les voisins, ont rédigé le rapport qu’ils déposeraient le lendemain, et sont retournés auprès de leurs familles. Tout ça pour que, le lendemain matin, paraisse dans la Gazette du Sorcier la note suivante :

« Monsieur et Madame Sullivan ont été retrouvés hier assassinés dans leur demeure ; les circonstances de leur mort restent floues. Leurs deux jeunes enfants ont été placés chez une tante en attendant que la police ait plus d’informations. »
Quelques lignes pour résumer la destruction d’une famille, les sanglots de la tante, le choc muet de la cadette, la douleur inexprimable de l’aîné. Mais cela, vous n’en entendrez jamais parler, pas même à l’enterrement : ce sont les morts qui intéressent, pas les vivants – si l’ont peut appelés vivants les proches d’un défunt. Ils ont plus l’air d’appartenir au royaume d’Hadès que ceux qui y partent. Leurs vêtements noirs et visages délavés par le chagrin sont plus aptes à une descente aux enfers que les joues encore rosies du jeune homme, ou la belle robe turquoise de son épouse qui sourit paisiblement aux fantômes se mouvant autour son cercueil. Ces spectres de chair ne se voient que parce qu’ils ont été proches de ces deux là : on oublierait facilement la petite fille tenant la main de son frère, incapable de s’approcher de ces boîtes si brillantes et parfumées. On oublierait qu’elle n’a pas ouvert la bouche depuis qu’elle a trouvé les corps – oui, parce que c’est cette enfants aux longs cheveux bruns qui les a découverts, en courant jusqu’au salon pour leur annoncer sa première manifestation magique durant un anniversaire. Son aîné n’a rien vu, il n’a pas vu les positions impossibles, les yeux vides et absents d’amour qui ont accueillis la jeune sorcière et qui hantent désormais ses cauchemars. Ces derniers ne se laisseront pas oublier, eux ; ils l’accompagneront durant toutes les funérailles, puis se terreront dans une boîte en carton qu’elle emportera jusqu’à l’appartement de sa tante à Londres. Ils grandiront avec elles, la dévorant de l’intérieur, l’empêchant de prendre du poids et de parler de ses parents. Les mots « Papa » et « Maman » ont été enterrés pour elle en même temps que ceux qu’ils désignaient. A leur place, il ne reste que le silence, l’incompréhension, et les cauchemars. Elle n’en parlera jamais non plus, mais son frère saura – un soir, il viendra la chercher tandis qu’elle combat l’étouffante Morphée, et l’emmènera dans sa chambre. Elle dormira dans son lit jusqu’à ce qu’elle le rejoigne à Poudlard, à quel moment elle se sera déjà noyée dans les ombres.
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ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow _
MessageSujet: Re: ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow Icon_minitimeDim 2 Jan - 4:25:46

ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow 29w1xck
(c) misery angel

sow a little tenderness, no matter if you cry.
Dans la lueur de l’aube, Londres a les couleurs d’une prostituée aux yeux bleus fatigués, le teint gris et sali par des restes de maquillage. Pendant qu’elle peine à se tirer du lit de son amant exigeant, ce qu’il reste de la famille Sullivan est déjà levée, prêt pour un départ vers Poudlard : la première année d’Ana qui, silencieusement, n’attendait que le moment où elle n’aurait plus à voir partir son frère chaque trimestre, la laissant seule avec ses démons. Tandis que ses yeux bleus glacés scrutent une ville qui lui est toujours aussi étrangère six ans après son arrivée, son aîné déboule tranquillement dans sa chambre, embrasse le haut de sa tête, récupère une de ses chaussettes de derrière son radiateur – Tony a toujours eu la capacité de perdre ses affaires dans des lieux où il ne devrait théoriquement pas mettre les pieds – et repart tranquillement. « Oublie pas de faire ta valise ! » « Comme si je pouvais oublier ! » Au travers du mur, la voix fraîchement muée de Tony a une tonalité beaucoup plus âgée, adulte, presque paternelle… En ouvrant sa commode remplie de vêtements que sa tante lui achète à la moindre indication qu’ils lui plaisent – quoiqu’on puisse leur répéter, les gens compenseront toujours le malheur des enfants par des présents – Ana se prend soudain à imaginer que c’était bien la voix de son père qui venait de lui crier ce rappel inutile. L’absence de souvenirs précis l’aide à retrouver le timbre grave et rassurant de celui qu’elle ne peut décrire autrement que comme une montagne de douceur brusque. Avec les sons viennent les images ; à la façon des vieux films, elle a l’impression de voir la vieille chemise à carreaux de son père passer dans le couloir derrière la porte entrouverte, riant encore d’une facétie de sa mère. « Papa… » murmure-t-elle, prononçant le mot pour la première fois depuis sa mort. Il n’y a pas de photos de lui accrochées dans sa chambre : elle ne peut pas supporter de les voir, si bien que Tony et sa tante sont obligés de cacher les leurs dans une boîte à chaussures ou sous une paire de chaussettes. Elle se sent coupable de les forcer à aimer ces gens en secret, mais la moindre vision de ses parents fait ressurgir le souvenir de cet après-midi. Dans ses cauchemars, elle imagine toujours la pluie qui s’abat sur les fenêtres, et pourtant elle sait très bien que ce jour-là il faisait relativement beau. Ses maigres épaules frissonnent, mais plutôt que de chasser toute pensée des parents Sullivan de sa tête, elle préfère retourner à sa rêverie, de faire comme si ce mauvais rêve n’était rien de plus que cela, sans racines ou emprises sur la réalité.

Plus tard, elle entend sa tante monter l’escalier et passer sa tête par la porte. « Ana, tu as fait ta valise ? » « C’est bon Myriam, je l’ai déjà faite il y a un quart d’heure, quand Papa a demandé ! » L’énervement typique de l’enfant face à la répétition des adultes perce dans sa voix, mais ce n’est pas pour cela que sa tante la dévisage, stupéfaite. « Papa ? Tu ne veux pas dire Tony ? » Ana cligne des yeux – s’était-elle trompée ? Pourtant elle était sûre d’avoir entendue la voix de son père depuis le corridor. Et puis soudain, l’impossibilité de ce fait reviens, et elle passe la main sur son front. « Je… euh… Oui, c’est ce que je voulais dire. » « Tu te sens bien, ma chérie ? » L'inquiétude dans sa voix est clairement visible, mais quelque chose en Ana l'empêche d'expliquer l'origine de sa confusion: imaginer que ses parents sont encore vivants, passe, mais confondre la réalité et les rêves, ne serait-ce qu'un instant, c'est déjà plus angoissant. Or les adultes angoissés interrogent et harcèlent les enfants, et sa tante est déjà bien assez couveuse comme cela. C'est pourquoi Ana sourit simplement, du sourire parfaitement serein de la menteuse-née. « Oui, je dois être un peu fatiguée c’est tout. »

Il serait si facile de mentir à nouveau et laisser croire que ce fut la seule et unique fois où Ana Sullivan se laissa emporter par son imagination ; mais en réalité, ce ne fut que la première. Le plaisir qu’elle tirait de faire comme si ses parents étaient encore vivants et auprès d’elle était bien supérieur à la réalité dans laquelle elle vivait. On pourrait la blâmer, la traiter de lâche parce qu’elle n’avait pas su affronter la mort de ses parents comme elle aurait du, et que sa souffrance n’était pas moins grande que celle de Tony ou de leur tante. On pourrait aussi l’accuser d’immaturité pour son désir inconscient d’échapper à l’aspect irréversible de la mort en y substituant. Mais quel être réellement courageux oserait dire à une enfant de cinq ans : « tu dois accepter que ta mère ne viendra jamais plus caresser tes cheveux pendant que tu manges ton goûter, parce qu’elle est étalée devant toi, morte sur le tapis qu’elle aimait tant. Tu dois comprendre que tu ne te débattras jamais plus contre la barbe mal rasée de ton père qui te gratte quand il te prend dans ses bras ; tu auras beau embrasser ses joues maintenant, il ne réagira pas, ni elle non plus. Tu vas devoir changer de maison, d’école et d’amis : tout ce qu’il te restera ce sera ton frère Tony, qui te rappellera chaque jour ce que tu as perdu, malgré tout votre amour. » et s’attendre à ce qu’elle puisse souffrir cette existence. Souffrir est le mot qu’il faut ici, puisque malgré les risettes qu’elle offrait à son entourage, quelque chose s’était cassé chez Ana lorsqu’elle était entrée dans ce salon. Un petit cœur en verre, dont elle tentait tant bien que mal de recoller les morceaux, se coupant chaque fois un peu plus. La fierté et l’obstination qui la conduisirent aisément jusqu’à la maison de Salazar Serpentard bouillonnaient déjà dans ses entrailles, nourrissant son mutisme sélectif et sa détermination à guérir d’elle-même, malgré la douleur de chaque essai.

Cependant, personne n’ira jamais dire qu’Ana passa ses quelques années à Poudlard dans une position de martyre, les yeux pleins de pitié pour son sort, dénigrant les autres parce qu’ils avaient eu une enfance tranquille. Elle était même très appréciée, autant en tant que sœur de Tony Sullivan, défenseur de l’amitié entre maisons et plus tard préfet de Serpentard, qu’en tant que personne à part entière. Aimée à Serpentard pour son ambition, son intelligence et sa rapidité à s’adapter aux situations, elle semblait être l’archétype de la Vert et Argent idéale : fière, pleine de dignité, ne se donnant jamais en spectacle, mais capable de se défendre bec et ongles dès qu’on portait atteinte à sa personne ou à son frère, réservée, et surtout indomptable, le tout enrobé d’humour et d’amabilité. Ce fut peut-être pour cela qu’elle eut autant de succès auprès des autres maisons : son calme, sa distance et son indépendance d’esprit l’empêchèrent de démarrer ses études à Poudlard comme de nombreux autres Serpentards de première année qui, sûrs de leur supériorité, n’hésitaient pas à se comporter comme des snobinards de la pire espèce. Elle n’alla pas non plus automatiquement au secours de leurs victimes, par souci de ne pas s’attirer les affections de personnes lui important peu, mais elle n’hésitait pas à exprimer son mépris pour les bourreaux si on lui demandait son avis. Une princesse dans sa demeure, au sens premier du terme : pas de caprices et de paillettes, mais une classe et une politesse qu’elle maniait aussi bien comme un fouet qu’une gourmandise.

Ses parents ne la quittèrent pas un seul instant : ils s’étaient si bien fondus avec les ombres qu’elle ne faisait plus la différence. Au début, elle avait laissé son imagination prendre le dessus le soir avant de se coucher, pour s’aider à dormir ; puis, avant les examens, pour se calmer ; ensuite, le matin avant de descendre dans la Grande Salle, ou chaque fois qu’elle était sans occupation. Ayant dévoré son corps, les ombres dévorèrent son esprit, jusqu’à ce qu’un jour elle se perde dans sa rêverie, comme on se perd dans un bois. Sa lucidité rentra dans son imagination, s’y assit et s’y endormit, la laissant seule avec ses démons. C’est à ce moment-là qu’elle commença à les voir. Au début, elle ne réagit pas, tant elle s’était habituée à les imaginer constamment à ses côtés, malgré l’incongruité d’avoir ses parents à Poudlard. Mais lorsqu’elle vit qu’ils ne bougeaient pas, restant dans un angle de sa vision comme des marionnettes inanimées, elle se tourna pour mieux les regarder. Ils étaient beaux, jeunes, vêtus de leurs habits préférés, mais quelque chose n’allait pas. Ils ne souriaient pas, ils se contentaient de la fixer, de ce regard vide et mort qui avait été leur dernier regard sur elle dont elle cherchait désespérément à s’échapper. Et bien qu’elle change de pièce, ils restaient avec elle, flottant dans sa vision avec une obstination malveillante. Enfin, au début : au fil des mois, les ombres se nourrirent du silence de leur proie pour gagner en puissance, s’immisçant de plus en plus dans son quotidien : ce n’était plus elle qui rêvait ses parents, mais eux qui la rêvaient. Chacun de ses gestes fut réglé en fonction de l’effet qu’il aurait sur eux : embrasser ce garçon sous le gui les ferait disparaître, tout comme boire une bière au beurre de trop. Travailler ne marcherait pas, parler non plus. Déjà trop mince pour sa haute stature, Ana s’émacia davantage encore, jusqu’à ce que certains la croient anorexique ; la vérité était qu’elle n’avait tout simplement plus la force de manger ou de fonctionner normalement. Mais cela, ils n’auraient pu le deviner, car son comportement demeurait gai et enjoué : elle avait même gagné en sociabilité. Le seul qui aurait pu deviner aurait été son frère, Tony qu’elle évitait soigneusement par peur que les ombres lui fassent du mal.

Cette agitation morbide de son imagination finit même par réveiller à demi sa lucidité, sauvant ainsi sa vie. Assise tranquillement parmi un groupe d’amis qu’on pourrait presque qualifier de cour – bien que parfaitement agréable, Ana avait efficacement empêché quiconque de s’approcher d’elle autrement que par sa tourelle d’ivoire, empêchant ainsi la pourriture de l’intérieur de se voir – elle faisait de son mieux pour garder leur jeu de devinettes vivant, afin de tenir ses parents loin d’elle. Mais, pour la première fois, même la main de son petit ami du moment ne suffit pas à la protéger d’eux, et ils commencèrent à se rapprocher. Rigide, elle murmura : « Allez-vous-en. » Une paire d’yeux bruns se tourna vers elle, surpris de ce qu’ils avaient cru entendre, mais elle n’y fit pas attention. Un éclair de lumière venait de passer en elle, actionné par la terreur de ces marionnettes cadavéreuses qui s’approchaient : ses parents étaient décédés lorsqu’elle avait cinq ans. Leurs corps étaient enterrés dans le cimetière d’Oxford, pas ici, ils n’avaient rien à faire ici. Mais cette réalisation ne suffirait aucunement à les faire partir, elle les rendit même plus effrayant. Alors Ana eut un réflexe qu’elle aurait sans doute du avoir depuis le départ : bondissant hors de son siège, elle se plaqua contre un coin de la cheminée, et se mit à crier. « Tony ! Tony ! TONY ! » Elle hurlait de plus en plus fort, jusqu’à ce que sa gorge lui donne l’impression de se déchirer. Les Serpentards stupéfaits se retournèrent vers celle dont la stabilité avait fait d’elle un pivot de leur maison, qui se prenait soudain à hurler comme une enfant apeurée. Des exclamations retentirent jusqu’aux oreilles de la jeune brune, mais elle ne fit que grogner un « Foutez-moi la paix, » adressé autant aux apparitions qu’à ses parents. Et elle se remit à crier, sentant les larmes lui monter aux yeux pour déborder sur son visage de poupée. Finalement, Tony rentra en trombe dans la Salle Commune, alerté par un des Serpents présents de ce qu’il se passait, et les yeux de sa sœur rencontrèrent automatiquement les siens. « Fais-les partir Tony ! » Elle se tourna vers lui, levant les mains telle une suppliante. « Je veux plus les voir, je veux plus, je veux plus… » Son imploration se termina en un sanglot, tandis qu’elle s’accrochait désespérément à sa taille, semi-effondrée sur le sol, la tête tournée pour ne pas regarder le mur. Elle avait quinze ans, et c’était son premier moment de clarté depuis seize mois. Tony s’accroupit à côté d’elle, et la prit par les épaules, l’obligeant à lâcher sa taille pour venir s’appuyer plus . « Qui ça, Ana ? Qui est-ce que tu veux plus voir ? » Ana regarda autour d’elle, vit les visages choqués et souvent inquiets de ses camarades, le feu de la cheminée, les draperies vertes de la Salle Commune, les silhouettes fantomatiques qui reculaient devant l’amour brûlant de son frère, et elle enfoui sa tête dans son épaule pour souffler : « P…Papa et maman. »


Dernière édition par Ana Sullivan le Sam 8 Jan - 10:57:11, édité 1 fois
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ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow _
MessageSujet: Re: ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow Icon_minitimeJeu 6 Jan - 8:05:09

ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow Un12
(c) niris

i just want to be a woman, from this time unchained.
Le reste, c’est une histoire d’hôpital ; une histoire de murs blancs, de cris des patients, de potions aussi insipides que le sourire des infirmières. C’est l’histoire d’une adolescente qui s’endort, épuisée, dans les bras de son frère et qui se réveille deux semaines plus tard dans des draps trop propres, avec un visage inconnu qui lui explique qu’elle va rester ici quelques temps. Quelques temps, cela devient trois mois, puis un an, deux, trois et au final presque cinq années passées dans une petite chambre carrée et vide. On pourrait dire que ce fut exagéré, qu’une dépression nerveuse ne nécessité pas un séjour aussi long, mais tout l’être de la jeune Sullivan était à reconstruire. Le réel et l’imaginaire s’étaient si bien entremêlés qu’il lui suffisait presque d’imaginer une situation possible pour qu’elle voit un souvenir. Tout chez elle était à refaire, comme une maison mal construite qui se serait finalement effondrée, et qu’il faudrait refaire avant de pouvoir y habiter. Et cela, elle en avait conscience : après son réveil, la brune s’était jetée corps et âme dans cet espoir de guérison qu’on lui offrait, avec une ardeur telle qu’on aurait pu la croire tirée de sa folie elle-même. Dire que ces cinq années furent un combat exténuant contre cette folie serait mentir, tout comme y voir une guérison facile et enjouée. En réalité, Ana progressa et rechuta par soubresauts, de manière imprévisible et presque aléatoire. A chaque nouveau pas franchi suivaient une semaine de facilité, avant qu’elle n’encontre le nouvel obstacle contre lequel elle devrait se battre longtemps. Dire que son frère fut important pour elle durant ces années serait un euphémisme : il résuma à lui seul sa raison de vivre. Frère, père, ami, fils, Tony avait jonglé entre les rôles comme elle jonglait avec ceux qu’il lui attribuait, fidèlement. Malgré leurs trois ans d’écart, ils avaient toujours été à la limite de la gémellité. Ce n’était pas de la fusion, mais plutôt de la symbiose : deux êtres différents vivants en harmonie, s’entraidant mutuellement, et surtout se comprenant sans nécessairement avoir à s’exprimer. « Je suis désolée Tony, de ne pas avoir parlé d’eux pendant toutes ces années. » Il rit, comme si elle avait fait une plaisanterie, et la réassurance de ce rire soulage la douleur qui vient avec la conscience de ce qu’elle lui fait endurer. « T’arrivais pas à en parler avec toi-même, comment tu comptais trouver les mots pour me le dire ? » « J’ai essayé… J’ai essayé tant de fois, mais à chaque fois je les sentais qui mettaient leurs doigts sur mes lèvres, et tout ce que je pouvais dire c’était : Je t’aime. » Un vœu d’amour transformé en appel au secours ; pour certains, cela aurait pu paraître choquant, qu’Ana n’ait pu exprimer sa souffrance autrement que par ces mots sacrés. Mais tout ce que Tony fait, c’est la regarder droit dans les yeux et lui sourire. « Je sais. »


Alors quand, beaucoup plus tard, il lui annoncera « Ana ? Je vais déménager à Tintagel. », elle n’hésitera pas. Dans le jardin d’été de Ste Mangouste, la jeune femme élancée relève le visage, plaçant une mèche échappée de son chignon derrière son oreille. Veux-t-elle venir avec lui ? L’implicite n’est compris que d’eux seuls, parce que seul Tony sait pourquoi Ana se refuse depuis si longtemps à quitter Ste Mangouste : elle ne veut retourner ni à Poudlard, ni à Londres. Elle a trop peur d’y croiser des fantômes – pas Nick-Quasi-Sans-Tête et ses amis, mais bien ses fantômes personnels – et de perdre ce qu’elle a pris tant de temps à reconstruire. L’hôpital est devenue sa demeure parce qu’elle s’y sentait en sécurité ; c’était un où ses hallucinations ne pouvaient mettre les pieds sans qu’une armée d’infirmières et de médecins ne les chassent à coups de potions et de séances thérapeutiques. Loin de ses protecteurs, il n’y avait que l’incertitude et le danger, malgré la présence de son frère. Alors que Tintagel, c’est une nouvelle ville, une nouvelle vie. L’opportunité de laisser un peu le passé de côté pour pouvoir se construire un présent, et peut-être un futur. Les frangins Sullivan savent très bien que la réponse était déjà donnée, bien avant que la question ne soit posée. Ce sera oui.
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ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow _
MessageSujet: Re: ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow ANA ♠ i’m so tired of playing with this bow and arrow Icon_minitime

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